Interrogé par l’AFP, Jean-Louis Bal, directeur des énergies renouvelables à l’Ademe, rappelle que « Linky, tout seul, ne fait pas faire des économies d’énergie », mais que si « on l’utilise pour informer le consommateur, on peut réaliser 5 à 15% d’économies ». Il estime cependant que cela nécessite que l’on donne au consommateur des informations « pertinentes, c’est-à-dire qu’on ne se contente pas d’afficher en temps réel le nombre de kilowattheures consommés mais qu’on puisse, par exemple, avoir un comparatif entre la consommation du ménage concerné et la consommation standard ».

Pour ce faire, l’Ademe, dans un rapport non public et que l’AFP s’est procuré, plaide pour un « affichage en temps réel » de la consommation d’électricité, sans surcoût pour les ménages. Le risque serait en effet « que les ménages les plus modestes n’en bénéficient pas ». Il faut cependant définir le coût d’un tel dispositif, aujourd’hui non prévu dans Linky (et qui serait proposé par les fournisseurs, vraisemblablement de manière payante) et qui se heurte au fait « que, sur 35 millions de compteurs, environ 17 millions sont installés hors des logements » (cf. notre illustration d’un compteur installé dans une cave). Un écran d’affichage « déporté » reviendrait à 50 euros par compteur indique « l’Ademe, qui cite une estimation d’ErDF ».
> 50 euros qui s’ajouteraient aux 120 à 240 euros par unité selon les estimations d’ERDF le 8 juin dernier). Depuis, ERDF s’en tient plutôt à une estimation de 120 euros et, interrogé par le Figaro, Philippe de Ladoucette, président de la CRE, affichait un coût inférieur (« Pour le consommateur français, le coût sera inférieur à 1 euro par mois. Ce coût est à mettre en regard des bénéfices attendus pour les consommateurs eux-mêmes et l’ensemble de la collectivité, tels qu’une meilleure qualité de service, des économies d’énergie et une meilleure gestion du système électrique »).

Interrogée par l’AFP, Caroline Keller, chargée de mission à l’UFC Que Choisir, considère que « Linky n’a pas été conçu pour réaliser des économies d’énergie mais est présenté comme tel pour être mieux «vendu» aux consommateurs ». Le compteur évolué est « surtout très utile à ErDF », car il permettra d’effectuer la relève à distance en économisant « ainsi sur le coût de déplacement de ses techniciens ».

Au 9 novembre 201, 181.926 compteurs Linky ont été déployés, indique ERDF. L’expérimentation porte sur 300.000 compteurs.


lexpress_lexpansion.jpg

La facture du compteur intelligent risque de s'alourdir

Le compteur d'électricité intelligent Linky

Erdf

Le compteur d'électricité "intelligent", qui doit être installé en France à partir de 2012, ne permet pas sous sa forme actuelle de réaliser des économies d'énergie au bénéfice du consommateur.

Ce compteur d'un nouveau type, baptisé Linky, est censé remplacer les 35 millions de boîtiers actuels d'ici à 2020. Actuellement expérimenté dans les régions de Tours et de Lyon, il relève et transmet la consommation électrique pratiquement en temps réel.  

Le gestionnaire des lignes basse tension, ErDF, chargé du projet, assure que le coût des compteurs Linky n'excédera pas 120 à 240 euros par usager sur 10 ans, soit un total de 4,2 à 8,4 milliards d'euros. Chaque consommateur paiera en effet l'installation de Linky sur sa facture d'électricité via le Tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité (Turpe). Selon ErDF, ce coût sera largement compensé par les économies d'énergie réalisées grâce à Linky, que le gestionnaire de réseau évalue à "50 euros par an" pour une facture moyenne de 400 euros par foyer.  

Cette analyse est cependant mise en doute par l'Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe), dans une note confidentielle dont l'AFP a obtenu copie. S'il veut avoir un impact en terme d'économie d'énergie, l'Ademe juge que Linky devrait au minimum disposer d'un "affichage pédagogique en temps réel" de la consommation d'électricité, ce qui n'est pas le cas actuellement.  

"Linky, tout seul, ne fait pas faire des économies d'énergie", explique à l'AFP Jean-Louis Bal, directeur des énergies renouvelables à l'Ademe. "Mais si on l'utilise pour informer le consommateur, on peut réaliser 5 à 15% d'économies", ajoute-t-il. "C'est à condition que les informations soient pertinentes, c'est-à-dire qu'on ne se contente pas d'afficher en temps réel le nombre de kilowattheures consommés mais qu'on puisse, par exemple, avoir un comparatif entre la consommation du ménage concerné et la consommation standard", souligne M. Bal.  

50 euros supplémentaires

Dans sa version actuelle, Linky n'offre pas de telles fonctionnalités, qui ne pourront être disponibles que dans un second temps, via un service payant proposé par les fournisseurs d'électricité (EDF, GDF Suez, Poweo, etc.). L'Ademe critique cette solution et juge "souhaitable" que tous les consommateurs bénéficient de cet affichage en temps réel de leur consommation, sans avoir à payer de supplément. Sans quoi, le risque est "que les ménages les plus modestes n'en bénéficient pas", souligne-t-elle.  

Le hic vient cependant du fait que, sur 35 millions de compteurs, environ 17 millions sont installés hors des logements. Or, la mise en place d'un écran d'affichage "déporté" à l'intérieur du logement coûterait 50 euros supplémentaires par compteur soit 850 millions d'euros au total, selon l'Ademe, qui cite une estimation d'ErDF. Contacté par l'AFP, ErDF n'a pas fait de commentaire. Et même avec cet affichage, l'Ademe juge qu'il faudrait au moins un an d'expérimentation pour mesurer l'impact réel du compteur en terme d'économies d'énergie.  

Pour l'UFC Que Choisir, c'est la preuve que "Linky n'a pas été conçu pour réaliser des économies d'énergie mais est présenté comme tel pour être mieux +vendu+ aux consommateurs". Linky "est surtout très utile à ErDF", ajoute Caroline Keller, chargée de mission de l'association de consommateurs. La filiale d'EDF pourra en effet effectuer les relevés de ses compteurs à distance et économisera ainsi sur le coût de déplacement de ses techniciens.