
Episode deux
Leforest Le compteur Gazpar contre ses détracteurs, on refait le match
Le déploiement du compteur communicant Gazpar démarre ce mois-ci à Leforest. Alors que celui-ci, tout comme son « cousin » Linky, suscite des inquiétudes, la mairie a organisé un débat public, lundi soir, entre les « anti » et des responsables de GRDF.
http://www.lavoixdunord.fr/526024/article/2019-01-23/le-compteur-gazpar-contre-ses-detracteurs-refait-le-match?referer=%2Farchives%2Frecherche%3Fdatefilter%3Dlastyear%26sort%3Ddate%2520desc%26word%3DLINKY
Mais pourquoi ce déploiement ?
Comme pour le compteur électrique Linky, c’est au nom de la transition énergétique que GRDF, le gestionnaire du réseau gazier en France, doit remplacer tous ses compteurs « classiques » par des compteurs communicants Gazpar. Ce changement concerne 11 millions de foyers dans tout le pays, dont précisément 2 179 à Leforest qui doivent être équipés de janvier à octobre.
L’économie espérée sur la facture est minime : environ 1,5 % de moins selon GRDF. Porte-parole des « anti », Lucien Petit s’étonne : « On met au rebut 11 millions de compteurs pour les remplacer par d’autres dont la durée de vie sera plus faible et dont le recyclage sera extrêmement difficile. Et pour recueillir les données, il faudra de gros serveurs qui consomment plus que toute la ville de Leforest. »
Réplique de Michel Hedin, responsable de GRDF : « Les anciens compteurs seront recyclés, près de 80 % des composants seront valorisés. » Certes, l’économie individuelle est minime, mais il faut « la multiplier à l’échelle de toute la France ». La durée de vie du nouveau compteur ne doit pas changer : sa pile est prévue pour 20 ans, la durée maximale légale d’un compteur. Enfin, Gazpar doit permettre d’injecter plus facilement du biométhane, fabriqué chez nous, et diminuer la proportion de gaz importé de l’étranger.
M. Hédin de GRDF ne veut certainement pas d'une usine de biométhane près de chez lui, pas plus que moi. Ça pollue terriblement, ça gaspille une énergie folle. L'énergie renouvelable et propre, ça n'existe pas.
C'est toujours une affaire de profits, de cupidité et de destruction.
Lire ici par exemple :
projet de méthanisation industrielle à Gramat
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Le brouillard d’ondes
C’est LE grand argument des anti-compteurs communicants. Avec Gazpar, on va ajouter un peu plus d’ondes au « brouillard électromagnétique ambiant ». « OK, il n’émet pas en permanence, mais il va rajouter sa petite musique, ça vaut quand même le coup de s’interroger », avance Lucien Petit, rejoint par le maire et arbitre du débat, Christian Musial, pour qui il ne fait guère de doute que « les ondes sont cancérigènes ». GRDF se veut pourtant très rassurant : Gazpar n’émettra que deux fois par jour, durant quelques millisecondes, un signal d’une fréquence proche des radios FM (169 MHz en l’occurrence).
L'Internet des Objets se développe très vite : les consommateurs, dûment formatés sans répit par la publicité, sont très attirés par l'idée de ne plus rien faire par eux-mêmes, assistés par des machines pour tout. Si bien que quand ils iront en EPHAD, il feront la bise au robot qui les mettra dans leur fauteuil roulant électrique !
Le brouillard électro-magnétique s'épaissit donc de mille sources, faibles ou puissantes qui naissent jour après jour dans notre environnement. Et tous ces appareils sont, comme l'ordinateur, le téléphone portable, évolutif. La pub n'arrête pas de faire grimper les Giga, les G. Qui peut se laisser séduire par une telle foi ?

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Big Brother et big data
Tout comme Linky, Gazpar est accusé d’espionner la vie privée des gens. Lucien Petit est persuadé que GRDF va revendre les données collectées aux fameuses Gafam (Google, Apple, Facebook, Apple et Microsoft). Là encore, Michel Hedin dément : seul un index mensuel sera envoyé à votre fournisseur d’énergie. C’est vous qui pourrez lui donner accès, ou pas, à votre consommation quotidienne.
Des emplois supprimés
L’intérêt pour GRDF, c’est de ne plus avoir à procéder à la relève manuelle de tous les compteurs. Pas bon pour l’emploi, juge Lucien Petit. « Deux cents agents travailleront sur les données », tente de rassurer Michel Hedin, qui fait valoir que le déploiement de Gazpar crée aussi des emplois. Mais difficile de donner tort aux « anti » : après tout, les « demoiselles du téléphone » qui vous mettaient en relation avec « le 22 à Asnières » ont toutes été remplacées par des automates.
Refuser ou pas?
La séance de questions-réponses a duré un peu plus d’une heure.
GRDF a une stratégie très différente d’Enedis face aux refus. Pas de bras de fer, pas de pression, de l’aveu même des anti-compteurs communicants. Gazpar lui-même est différent de Linky : il reste un compteur mécanique, avec des petits rouleaux pour compter votre consommation, équipé d’un émetteur pour transmettre automatiquement ses relevés. Si votre compteur gaz est hors-service ou en fin de vie, il sera remplacé par un Gazpar, mais vous pourrez exiger de désactiver l’émetteur. De la même manière, vous pouvez vous opposer à l’installation de Gazpar, on ne vous forcera pas la main, promet Michel Hedin.
Sauf que… à partir de 2022, GRDF généralisera la télérelève. Que se passera-t-il pour ceux qui auront refusé Gazpar ? « Je n’en sais rien, ce n’est pas décidé », avoue le responsable territorial. Le gestionnaire du réseau pourrait être tenté de facturer le passage du releveur. D’où cet appel de Lucien Petit : « Plus il y aura de refus, plus on pourra imposer ce qui nous semble important, c’est-à-dire le libre choix sans augmentation de la facture ».
GRDF - ACCAD : 1-2
Lundi soir, 19 heures. Salle des fêtes Gilbert-Marquette. Une centaine de spectateurs (au début du match, mais pas à la fin).
Arbitre : Christian Musial, maire PS de Leforest.
Temps de jeu : deux heures (28’27’’ d’exposé des « anti », 27’12’’ d’exposé des « pour » puis une heure d’échanges avec la salle).
Pas d’avertissement, pas d’exclusion.
Les adversaires : Lucien Petit, membre de l’association des Anti-compteurs communicants Artois-Douaisis (ACCAD), face à Michel Hedin, délégué territorial de GRDF pour le bassin minier, assisté de Raphaël, responsable technique.
Les points : les arguments rassurants de GRDF n’ont pas convaincu l’assistance. « Ça ne va pas changer quoi que ce soit dans ma vie », a-t-on pu entendre. Le président de Leforest Environnement a également donné son point à l’ACCAD.