Hydroélectricté

La croyance en l'hydroélectricité verte est entretenue par toute la classe dominante, politico-médiatique.
Et cette méga-machine de lavage de cerveaux nous siphonne la conscience, même à nous les anti-compteurs communicants.
Pourtant, même le journal Le Monde tente parfois de se racheter une virginité.

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L'hydroélectricité est-elle vraiment une énergie verte ?

Quel est l'impact écologique des barrages ?

Publié le 18 avril 2011 à 15h02 - Mis à jour le 18 avril 2011 à 15h02

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Les grands barrages n'avaient pas besoin de cela, tant l'engouement pour l'hydroélectricité est grand depuis quelques années, mais l'accident à la centrale de Fukushima et les interrogations sur le nucléaire, qui viennent s'ajouter à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, devraient accélérer la ruée vers les grands ouvrages. Ses promoteurs présentent l'hydroélectricité comme une énergie verte, car renouvelable. Pourtant, partout dans le monde, les projets de retenues sont âprement combattus. Les écologistes prévoient un "désastre" si le mouvement n'est pas freiné.

Une lame de fond
La commission internationale des grands barrages (CIGB) recense 33 000 grands barrages, mais ils seraient en fait 50 000. La définition comprend tous les ouvrages dont la hauteur est supérieure à 15 m, ou, si elle est comprise entre 5 et 15 m, dont le réservoir a une contenance supérieure à 3 millions de m3 d'eau. "Cette quantité va au moins doubler d'ici à 2 050", affirme Michel de Vivo, secrétaire général de la CIGB. La croissance de la population des pays en développement et sa concentration dans les villes entraînent une augmentation importante des besoins en eau, pour irriguer les terres et approvisionner les entreprises. Mais c'est surtout l'accroissement de la demande en énergie qui motive la construction de ces ouvrages, qui auront ensuite plusieurs usages.

"Pour y répondre sans passer par les énergies fossiles et le nucléaire, il n'y a pas 36 solutions, estime M. de Vivo. L'éolien et le solaire restent marginaux." L'hydraulique, qui produit quelque 20 % de l'électricité dans le monde, représente 80 % de l'électricité d'origine renouvelable. "L'hydroélectricité se développe depuis trois ans comme jamais auparavant", confirme Richard Taylor, directeur exécutif de l'International Hydropower Association (IHA).

Les champions sont la Chine et l'Inde, qui construisent 200 barrages par an. Viennent ensuite les pays d'Amérique latine, en particulier le Brésil, puis la Turquie, l'Iran, la Russie. Si les pays riches ont déjà tiré parti de quasiment tous leurs cours d'eau, le potentiel hydroélectrique reste important en Asie, où le taux d'équipement est de 33 %, en Amérique du Sud (25 %), et en Afrique (7 %).

Des millions de déplacés Le barrage de Belo Monte n'est que l'un des 60 projets du gouvernement brésilien en Amazonie. Il sera le troisième plus grand au monde, s'il voit le jour. Mais les populations riveraines mènent contre lui une lutte acharnée. Ils ont remporté une victoire symbolique, le 5 avril, quand la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a demandé la suspension du projet, faute de consultation suffisante des communautés. La construction noierait 500 km2 et de 20 000 à 40 000 personnes seraient déplacées, selon l'association Survival International, qui défend les tribus indigènes.

Au total, entre 40 et 80 millions de personnes auraient déjà été déplacées du fait de la construction de barrages, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).

"Les gouvernements brésilien et péruvien ne respectent pas leurs propres lois en ce qui concerne la protection des groupes indigènes", affirme Almir Narayagoma Surui, représentant d'une tribu de l'Etat du Rondonia. Tandis que Sheyla Yakarepi Juruna, chef d'une communauté du Para, accuse le gouvernement brésilien de les traiter "comme des moins que rien".

Les autorités, de leur côté, mettent en avant les bénéfices économiques attendus de l'apport en énergie et de la maîtrise de l'eau. "Avant la construction de Serre-Ponçon, la vallée de la Durance était une zone aride et pauvre, régulièrement touchée par des crues dévastatrices, renchérit M. de Vivo. C'est aujourd'hui une région fertile, et le lac a permis le développement de la pêche et du tourisme."

Un impact sur le climat controversé

L'énergie hydraulique n'émet théoriquement pas de gaz à effet de serre (GES). Pourtant, des études ont montré que certains barrages, du fait de la décomposition de la végétation dans les réservoirs, émettent du dioxyde de carbone et surtout du méthane, un gaz au pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO2.

Cependant, leur impact sur le climat est controversé. Les retenues d'eau peu profondes situées dans les zones tropicales seraient principalement concernées. Cependant, l'Institut fédéral suisse des sciences et technologies aquatiques (Eawag) a récemment mis au jour des émissions importantes de méthane (150 tonnes de méthane par an, soit l'équivalent en CO2 de 25 millions de km en voiture), dans le lac Wohlen, près de Berne.

Des milieux naturels menacés

Seuls 40 % des fleuves dans le monde s'écoulent encore librement, selon le WWF. "La première conséquence de la construction d'un ouvrage est la modification de la forme du fleuve, explique Martin Arnould, chargé du programme rivières vivantes au WWF France. Le blocage des sédiments provoque une érosion importante sur le littoral, parfois à des centaines de kilomètres en aval." Le régime des fleuves est perturbé. A l'aval des retenues, les poissons sont moins nombreux, et moins diversifiés. Les migrateurs (anguilles, saumons, esturgeons) sont particulièrement pénalisés, car ils ne peuvent plus circuler. Les réservoirs empêchent la dilution des pollutions, et facilitent la multiplication des espèces envahissantes.

Un certain niveau de durabilité

En Europe, la directive-cadre sur l'eau, qui impose d'atteindre le bon état écologique d'ici à 2015, entre en contradiction avec les objectifs de développement des énergies renouvelables, dont l'hydroélectricité. Certains écologistes craignent de voir les dernières rivières sauvages équipées à leur tour. Et ils peinent à obtenir la suppression d'ouvrages dont l'impact néfaste sur la biodiversité est avéré. Aux Etats-Unis, en revanche, la démolition de barrages problématiques n'est pas rare.

Pour les projets en cours dans les pays en développement, l'IHA, qui a mis au point un "protocole d'évaluation de la durabilité de l'hydroélectricité", en partenariat avec des ONG dont le WWF, assure qu'une "amélioration générale" a lieu. Quelques ouvrages se voulant exemplaires ont vu le jour, comme celui de Nam Theun 2 au Laos. Mais ils restent "exceptionnels", selon M. Arnould.

"On peut probablement arriver à un certain niveau de durabilité, mais on ne supprimera jamais tous les impacts, estime Martin Geiger, responsable du programme eau douce du WWF International. La question est de savoir s'ils ont tous été correctement évalués et s'ils sont acceptables." La technologie progresse : canaux de dérivation, évacuation des sédiments, gestion adaptée du débit des cours d'eau, ajout de passes à poisson, amélioration des turbines, peuvent limiter les impacts sur l'environnement. Le choix du site est fondamental. Mais pour les ONG, les gouvernements devraient explorer toutes les pistes alternatives - autres renouvelables, mais surtout économies d'énergie - avant de lancer ces projets.

Voir aussi

Ruptures de barrages

Géorisques

https://www.francetvinfo.fr/france/barrage-de-vouglans-le-scenario-catastrophe_2939395.html

Jura : le barrage de Vouglans à l'origine du scénario catastrophe

Un gigantesque barrage de 135 m de haut a été construit il y a 50 ans, à Vouglans, dans le Jura. EDF promet qu'il surveille l'ouvrage mais il y aurait-il un risque de rupture ?

Le lac artificiel de Vouglans, dans le Jura, est dû à un ouvrage monumental : un barrage hydroélectrique vieux de 50 ans sous haute surveillance. 130 m de haut, 430 m de long. Quand il est plein, 600 millions de mètres cubes d'eau exercent une pression colossale sur la paroi. Pour s'assurer qu'il ne craque pas, 1 000 points de contrôle sont installés. Mais quand on pénètre dans une salle, on aperçoit des fissures dans le béton. Pour EDF, ce n'est rien d'alarmant.

L'infiltration d'eau et fissure à la base du barrage

Mais tout le monde ne partage pas cette sérénité. Un technicien d'EDF qui veut rester anonyme, affirme qu'il y a danger. Le barrage présenterait des infiltrations d'eau et une fissure à sa base. Et surtout, le contact entre le béton et les rochers ne serait pas si solide. Depuis la catastrophe de Fukushima au Japon, par mesure de sûreté, la loi impose à EDF d'imaginer le pire des scénarios. Ce scénario prévoit une crue historique de l’Ain et du Rhône combinée à une rupture brutale du barrage : une vague de 12 m de haut submergerait plus de 50 villages. Mais le pire pourrait survenir 90 km en aval, où se trouve la centrale nucléaire du Bugey (Ain).


Date de création : 07/12/2018 09:57
Catégorie : - Les motifs
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